Lettre ouverte aux journalistes / 1
Les algorithmes sabordent la culture.
J’invite les journalistes à me soutenir et à défendre la cause des artistes en dénonçant massivement le danger imminent qui guette la culture et la pensée. Mon compte Instagram vient d’être intégralement et sans préavis supprimé, pour avoir mis ma dernière toile en ligne, « Le fil des jours ».
La peinture en question symbolise l’automne de la vie d’une femme à l’âge de la ménopause et la fin de la fécondité (voir le bouquet symbolique).
Elle met en scène une femme dont le sein est dénudé. Ce sein en effet, n’est pas que le symbole de la féminité dont l’érotisme n’est qu’un moment, mais aussi celui de la maternité.
À ce tournant de la vie d’une femme, il peut renvoyer à la condition tragique de l’être humain exposé à la maladie, comme le cancer du sein, et à sa finitude. Dans quel monde vivons-nous et comment se protéger contre les nouveaux coups de boutoirs donnés à l’expression artistique. Comment lutter contre l’arasement de la pensée quand les réseaux sociaux rayent de la carte brutalement ceux là même qui les ont animés et fait prospérer, dès qu’un cheveux voluptueux dépasse… A cause de la susceptibilité bornée et décérébrée des algorithmes, la sublime peinture d’ un anonyme de l’école de Fontainebleau «Gabrielle d’Estrées" et sa sœur serait vilipendée pour son caractère sexuel et incestueux…Quant à la Vénus de Milo…!!
Lancer l’anathème de la sorte sur l’art et bannir un créateur des instruments de communication moderne, communication patiemment élaborée sur des années, est particulièrement inquiétant pour le devenir et la visibilité des artistes! C’est un enterrement de première classe et un mépris manifeste pour l’art, la culture et son apport à l’humanité !
S’il fallait supprimer tous les symboles interprétables comme érotiques et représentés dans les oeuvres d’art depuis le début de l’humanité, il ne nous resterait probablement que Mickey et Donald à contempler…Help!
Laina Hadengue
Ouverture du blog part: Licence pour l'art / 2
Mon compte Instagram vient d’être rétabli mais Facebook vient de m’interdire la publication de la toile.
Dans le même temps Facebook vient de m’interdire la diffusion de cette même toile en tête d'article sous peine de me supprimer l'article et de bloquer ma page Facebook...
Ouverture du blog “ Licence pour l’art”. J’invite tous les artistes victimes de censure à venir témoigner. La liberté de création affirme avec force que toute politique contraire à la liberté de création et de diffusion des œuvres doit être combattue.
Je remercie les journalistes à qui j’avais écrit une lettre ouverte pour protester contre la censure algorithmique mise en œuvre par les réseaux sociaux et qui m’ont soutenu dans cette lutte contre ce que j’ai appelé l’arasement de la pensée, une régression culturelle et artistique liberticide.
Leur soutien, mais aussi probablement mon parcours international avec donc une certaine visibilité, ont participé au rétablissement de ce compte. J’enregistre les excuses d’Instagram mais ils n'ont en aucun cas admis qu'il était question de censure! Je ne suis pas dupe et je pense être emblématique de ce qui risque d' arriver à n'importe quel artiste, même à titre posthume.
Je considère qu’il y a une forme d’usurpation de la part des réseaux sociaux , qui se proposaient d’être des instruments modernes et mondialisés de communication et de diffusion de l’art, de la culture et de la pensée alors qu'aujourd’hui, eux et d’autres appliquent quotidiennement une censure sournoise et méthodique au moyen d’ algorithmes pointilleux et décérébrés.
Cela aboutira à transformer ces mêmes instruments de diffusion en instruments de nivellement par le bas. C’est nécessairement à terme la censure de la liberté d’expression elle-même, faute de support à cette expression, et son corollaire, la réduction de la pensée à l'échelle microscopique, le petit doigt sur la couture du pantalon de la bien-pensance mondialisée. Il garde une actualité brûlante ce combat d’André Breton et de Diego Rivera pour une "Totale licence de l’art" affirmée dans le "Manifeste pour un art révolutionnaire libre et indépendant " .
J’invite les journalistes et tous les Gutenberg, Diderot et d’Alembert du monde à lutter contre la "bêtise de l’intelligence artificielle" qui restreint dangereusement la diffusion culturelle et contre le “tout algorithme” qui nous fabrique un "monde d’images sans pensées”, pointé dans l’article de Philippe Godin publié dans La diagonale de l’art publié dans Libération.fr de mai 2018. Il y relève l’absurdité de cette censure numérique pour "caractère sexuel" alors que chacune de mes toiles est une question profonde et humaine que je me pose et pose à mes contemporains et si parfois elle conduit à mettre en scène un corps dénudé, c’est que la symbolique y introduit une prime de sens invisible au regard de l’intelligence artificielle".
Qu’est-ce qui est le plus dévastateur pour l’art et la culture: une pensée, parfois provocante et questionnante ou une pensée vide de sens, dérivant insensiblement vers l’absence de pensée? Est-ce un monde figé, désormais incapable d’évolution qui nous est proposé?
On sait bien pourtant que tout système du vivant incapable d’évoluer se condamne à terme mortellement. Ou alors nous voyons nous proposer la fameuse expérience de la grenouille que l’on plonge dans l’eau froide et qui se laisse cuire quand on monte la température progressivement? Le résultat sera le même.
Instagram et autres réseaux sociaux se doivent donc de rester des diffuseurs, mondialisé certes, avec cette problématique spécifique certes, mais pas un censeur aveugle, rétrograde et liberticide. Les excuses d’Instagram, qui quoiqu’il en soit ne semble pas comprendre l’absurdité intégrale de son propre système de réponses robotisées, ne se sont pas accompagnées d’une quelconque garantie à venir vis à vis de ma liberté de créer ni de celles de tous les autres créateurs ou libres penseurs, ni surtout de la possibilité et capacité à continuer à diffuser leurs oeuvres.
Je revendique ma position d’artiste libre, espérant ainsi parler au nom de ceux qui se sont retrouvés censurés et lance la création d’un “blog à part”intitulé:" Licence pour l’art", dans lequel j’invite tous les artistes, écrivains, philosophes victimes de censure à venir témoigner et en débattre.
J’invite par ailleurs également tous les journalistes, que je remercie encore pour leurs réactivités et leurs soutiens, à continuer à soutenir ce combat.
Suivre le travail remarquable de” L’observatoire de la liberté de création” dans la ligue des droits de l’homme: lire dans mon “blog à part”